COURTE BIOGRAPHIE DE GOMAN
Goman « de son vrai nom Jean-Baptiste Perrier, fut un chef marron d’ethnie Congo » qui n’avait jamais déposé les armes dans la lutte contre l’esclavage et l’armée française.
Officier distingué par son courage et les nombreux services rendus à la patrie, il avait combattu sous les ordres de Rigaud.
Il entra en rébellion contre le gouvernement d’Alexandre Pétion, suite à l’assassinat de Dessalines dont il se déclara le vengeur. Lieutenant colonel de la 19ème demi-brigade… (ville), il se mit à la tête des insurgés le 4 février 1807 et reconnut l’autorité de Christophe.
A noter que le soulèvement avait commencé dans les campagnes environnant Jérémie, le 6 janvier 1807, sous la direction des officiers Bergerac Trichet et Thomas Durocher qui abandonnèrent bien vite le combat. Le mouvement insurrectionnel repartit de l’habitation Fiolle dans les hauteurs de Dame-Marie où Goman avait rejoint les révoltés
Selon Madiou, les troupes de Goman étaient disciplinées, chose rare, compte tenu les circonstances. Il mélangeait dans son combat, guerre conventionnelle et tactique de guérrilla.
Des officiers supérieurs comme Blaise du 3ème bataillon de la 19ème demi-brigade, rejoignit l’armée de Goman en 1809, tandis qu’il y avait beaucoup de mécontentements dans les garnisons de Jérémie et d’Aquin.
La première tentative de Goman de trouver un accord avec le gouvernement de Pétion pour mettre un terme à la guerre, se solda par un échec. En effet, une rencontre fut programmée entre lui et le général Borgella aux Abricots. Mais au lieu d’une discussion franche, Borgella lui tendit un piège et un certain nombre d’insurgés furent assassinés. Les hommes de Goman réagirent rapidement ; et grâce à leur intrépidité et leur courage, ils taillèrent en pièces leurs poursuivants.
Entre 1910 et 1914, le mouvement insurrectionnel se renforça malgré deux grandes offensives lancées par le gouvernement de Pétion en 1810 avec André Rigaud et en 1813.
Goman, contrairement à ce que pensent certains historiens, ne voulait nullement créer un royaume marron indépendant dans les mornes. Il visait la prise du pouvoir. Dans ce sens, il avait transmis des ordres écrits clairs à ses lieutenants, notamment Bazile, pour qu’aucune habitation, aucune ville importante, aucun bourg ne fut incendié, parce que c’était l’une des causes de la ruine d’un Etat selon lui, et qu’il faudra des ressources pour tout reconstruire plus tard… Sauf s’il s’agissait d’une fortification stratégique de l’ennemi tint-il à souligner.
A partir de 1814, la distribution d’habitations aux officiers, sous-officiers, soldats, fonctionnaires publics et à des familles de cultivateurs, entama la force du mouvement qui perdit de son élan et une partie de son support. A noter aussi que la guerre durait déjà sept ans.
Le dernier assaut d’envergure contre ce mouvement paysan fut lancé par le gouvernement de Boyer en janvier 1819. En effet, six généraux de l’armée gouvernementale et environ 6000 à 8000 hommes de troupes, encerclèrent la Grand’Anse. Ils participèrent à la traque des insurgés repliés au Grand Doco, ville-refuge de Goman et de ses lieutenants, au sommet du massif de la Hotte.
La mort de Goman en février 1820, ainsi que la disparition de ses derniers lieutenants, notamment Paul Rosias, Say Désormeaux, René Lévêque, mit fin à cet extraordinaire insurrection paysanne qui dura 14 (quatorze) ans.
Myrtha Gilbert
Juin 2016